Boîte Collector La Vache qui rit® n°11 par Cildo Meireles MonaVache

La Boîte Collector La Vache qui rit® n°11 par Cildo Meireles, par Silvia Guerra, Commissaire de la 11ème Edition.

2024 voit le projet des Boîtes Collector de La Vache qui rit® atteindre sa 11e édition. La série inaugure et célèbre sa deuxième décennie avec la participation de Cildo Meireles. La version que livre l’artiste brésilien de la célèbre boîte ronde fait référence au tableau le plus connu de tous les temps, l’un des chefs-d'œuvre de l’histoire de l’art : La Joconde, réalisée par Léonard de Vinci au début du XVIe siècle. La proposition de Meireles concentre plusieurs questions qui traversent son œuvre : la place de l’auteur, les relations entre l’original et la copie, l’insertion d’objets artistiques au sein de différents circuits sociaux, la dimension symbolique des images. J’ai le plaisir de vous présenter Monavache et le sourire le plus iconique au monde : le vrai.

L’œuvre dont s’inspire sa Boîte Collector pour La Vache qui rit® est la fameuse Joconde, portrait de femme réalisé entre 1503 et 1517, sur une période supposée de trois ans, par Léonard de Vinci, peintre et inventeur italien né en Toscane, près de Florence. À l’origine, le tableau est probablement une commande de Francesco del Giocondo qui représente son épouse, la Florentine Lisa Gherardini. Le roi de France François Ier l’a acquis par la suite. Cette peinture est aujourd’hui exposée au musée du Louvre, à Paris, où elle reçoit environ 25 000 visites quotidiennes. La Joconde a fait l’objet de centaines de livres, films et appropriations artistiques. L’un de ses détournements les plus connus est L.H.O.O.Q., réalisé par Marcel Duchamp en 1919. Ce titre est à la fois un homophone du mot anglais look (« regarde ») et un allographe dont les lettres, en français, peuvent être prononcées de façon à dire : « Elle a chaud au cul ».

Nous en sommes à la 11e édition de cette série de Boîtes Collector. Dès la toute première édition, par le regretté Hans-Peter Feldmann, pionnier de l’appropriation qui, d’ailleurs, ne signait pas ses œuvres, La Joconde est présente. En effet, elle illustre le chiffre 9 dans un livre destiné à apprendre l’alphabet et les nombres (ABC für Kinder mit der Kunst, 2014), parce que seul neuf de ses doigts apparaissent dans le tableau. On la trouve aussi dans l’association que Mel Bochner a fait : « La Vache qui rit® est l’incarnation Pop art de La Joconde ». Les artistes du Pop Art se réappropriaient des objets de la société de consommation, courants et banals, pour composer leurs œuvres, comme les boîtes de soupe Campbell chez Andy Warhol. Les Boîtes Collector renversent en quelque sorte le processus : un artiste peut être invité par un groupe industriel à réaliser une création artistique en utilisant son produit, au coeur du système industriel. Si d’autres collaborations de ce type sont souvent destinées à une clientèle d’élite, la marque La Vache qui rit® choisit de maintenir sa Boîte Collector à un prix accessible. Si le sourire de La Joconde de Léonard de Vinci est, au contraire, relativement inaccessible à cause de sa vitre blindée, du périmètre de sécurité et de la foule de visiteurs du musée du Louvre, la MonaVache de Cildo Meireles nous sourit depuis le rayon frais du supermarché. Cela me rappelle que Feldmann nous disait justement qu’il préférait voir son œuvre choisie par une personne faisant ses courses au rayon frais plutôt qu’elle ne soit exposée au Louvre. De manière similaire, la proposition de Meireles nous pousse à remettre en question le statut des grandes icônes de l’art, le rapport entre passé et présent, le lien entre simplicité et puissance évocatrice de l’art. Et au-delà, à l’art comme un sourire sincère, à l’art comme un pastiche ou comme une grande continuité d’images figurant dans notre cerveau. Cette nouvelle Inserção et édition de la Boîte Collector n’est ni la La Joconde ni La Vache qui rit® mais, grâce au véritable sourire de Cildo Meireles, une oeuvre de 2024 : la MonaVache.

CILDO MEIRELES

Né en 1948 à Rio de Janeiro, Cildo Meireles fait partie d’une génération d’artistes brésiliens qui a émergée au début des années 70 et a été doublement influencée par l’art conceptuel et le néoconcrétisme brésilien. Il combine habilement dans son travail des composantes physiques et sensorielles pour un engagement total du public. Bien que souvent inspirées par des événements et un contexte politique précis, marqué par la censure et l’oppression des libertés individuelles, ses œuvres abordent des thématiques universelles. 

Parmi les expositions les plus récentes de Cildo Meireles, nous pouvons citer Cildo Meireles : Installations, au HangarBicocca de Milan (2014), Cildo Meireles, au Musée Reina Sofia de Madrid (2013) et au Musée d’art contemporain de Serralves de Porto (2013-2014), Cildo Meireles, au MACBA de Barcelone (2009), Cildo Meireles, à la Tate Modern de Londres (2008), Cildo Meireles, au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (2003) et Cildo Meireles — retrospective au New Museum of Contemporary Art de New York (1999). 

Il a été lauréat en 2008 du prix Velázquez d’arts plastiques en hommage à l’ensemble de sa carrière artistique, et en 2023 du prix Roswitha Haftmann.